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Les randonnées de Jean-Pierre

Les aérodromes US en Sarthe : Louplande

7 Juin 2014 , Rédigé par Jean-Pierre Publié dans #Patrimoine

Une plaque commémorative a été installée le 15 septembre 2012
Une plaque commémorative a été installée le 15 septembre 2012
Une plaque commémorative a été installée le 15 septembre 2012
Une plaque commémorative a été installée le 15 septembre 2012

Une plaque commémorative a été installée le 15 septembre 2012

LES ALLIES ARRIVENT DANS LA SARTHE

Les troupes alliées entrent en Sarthe par l’ouest du département. Le 7 août 1944, le XVème Corps U.S. de Patton arrive depuis la région de Sablé. Le soir, les alliés sont aux portes du Mans qu’ils libèrent dès le lendemain. Ensuite, ils remontent en direction de la Normandie et vers Paris. 

 

LE CAMP D’AVIATION DE LOUPLANDE (15 AOÛT 1944 – 24 SEPTEMBRE 1944)

L’armée de Patton traverse Louplande le 7 août 1944 au soir. Le 15 août, des géomètres américains explorent l’est de la commune. Les habitants du secteur essaient de les interroger pour connaître le but de leur activité. Le 16 août, des soldats américains du IX Engineer Command se présentent et aident les agriculteurs de la zone concernée à ramasser leurs récoltes. C’est à ce moment que la population apprend la nouvelle de l’implantation d’un aérodrome. Le 17 août, quatre bulldozers commencent les travaux de terrassement.

 

Chaque engin est piloté par deux hommes qui se relaient toutes les deux heures. En ce qui concerne l’aérodrome de Saint Aignan, F. AVOIE rapporte des témoignages selon lesquels les hommes se relayaient toutes les quatre heures. Les témoins citent aussi l’utilisation d’autres engins tels des scrapers. L’objectif est d’aplanir une zone assez longue permettant d’installer une piste d’envol. La ferme de la Morlière, appartenant aux hospices du Mans, se trouve dans l’emprise et est détruite à la dynamite le 20 août. Ce jour étant un dimanche, de nombreux curieux assistent au «spectacle» à la limite d’un périmètre de sécurité gardé par les soldats américains. Les jours précédents, la population est venue aider la famille Jauneau pour évacuer les lieux.

 

Les militaires américains coulent une dalle de béton d’une dizaine de mètres de diamètre et d’une épaisseur d’une cinquantaine de centimètres sur laquelle est inscrit à la peinture blanche le nom de code de l’aérodrome «A-36».

 

Début des travaux : 16 août 1944

Piste : surface bitumée préfabriquée et grilles à chaque extrémité.

Terrain opérationnel : 4 septembre 1944

En service jusqu’au : 24 septembre 1944

 

Unités aériennes présentes et dates :

406th Fighter Group avec 3 escadrilles, équipées de chasseurs P-47 Thunderbolt

4 septembre au 20 septembre, 512th Fighter Squadron, code L3

4 septembre au 22 septembre, 513th Fighter Squadron, code 4P

28 août au 24 septembre, 514th Fighter Squadron, code O7

 

Source : la Province du Maine en 2002

 

La base A-36 est identifiée dans certains documents au nom de Saint Léonard et est située dans le département de la Seine Maritime. Il est évident que la base A-36 n’a jamais été localisée ailleurs que dans la Sarthe. Un document sur le 406ème groupe de chasse de l’U.S. Army Air Force rédigé par les vétérans de cette escadrille précise bien que le 1er septembre 1944, ils se rendent sur le base A-36 près du Mans. Un autre document des vétérans américains illustré de photographies donne le nom de code de la base (A-36) ainsi que sa localisation. Il semble cependant que l’identification ait été faite après la guerre et que pendant les opérations les aviateurs américains parlent de A-36 près du Mans. On constate d’ailleurs dans les documents réalisés par les vétérans, qu’ils ne parlent jamais d’un lieu précis mais donnent toujours le nom de code de la base et la ville importante la plus proche.

 

Pourquoi trouve-t-on l’appellation Saint Léonard avec Louplande ? Cela est du à l’histoire de la commune puisque le hameau de Saint Léonard est devenu le centre de la paroisse en 1792 à la suite de la destruction de l’église Saint-Laurent. Puis les cartes militaires établies au cours de la 2ème Guerre Mondiale par les Britanniques comportent l’appellation Saint Léonard reprenant l’intitulé des anciennes cartes d’état-major. C’est ce que montre la carte anglaise «Rennes» au 1/250000ème établit en 1943 après des corrections effectuées au cours de survols de reconnaissance.

 

Pour la population locale, le nombre 36 correspond au nombre d’avions attribués à la base. Certains témoins racontent que tous les avions décollaient à la suite des uns des autres. Ensuite ils tournaient en l’air en attendant que le 36ème avion les ait rejoint. Il faut tout de même signaler dans un document américain sur l’historique du 514th que l’opération contre une colonne allemande près de Châteauroux a été effectuée par 36 avions. 

 

Les premiers avions arrivent le 4 septembre sur la base A-36. Les traces de l’aérodrome ne sont plus visibles aujourd’hui sur le terrain ; mais le cliché IGN de la mission F 1419-1719 réalisée en 1949 nous révèle l’emplacement de la base A-36. De plus, le plan dressé par le IX Engineer Command (sans doute le 12 décembre 1944) est très précis et recale l’aérodrome par rapport au parcellaire existant (fig. 6). La piste est axée nord/sud. Au nord, elle débute en limite du chemin vicinal n° 15 (chemin dit de Louplande aux Trilleries) et s’achève au sud à la limite communale entre Voivres et Louplande. La lecture du plan montre que cet espace correspond à un couloir assez plat dont les courbes de niveau sont à 70 mètres. 

 

La piste est réalisée avec quatre ou cinq épaisseurs de toile goudronnée recouverte de grillage. Du moins c’est ce que disent les témoins. Mais la lecture du plan américain et du plan du Ministère de l’Air réalisé le 4 mai 1945 montre que la piste est recouverte de toile bitumée et que seules les extrémités de la piste allient toile et grillage. Les constats faits pour les dédommagements parlent également d’apport de gravier. De chaque côté de la piste se trouvent des voies de circulation, permettant aux camions de ravitaillement d’approcher, ainsi que les garages pour les avions. L’essence était stockée à proximité de la ferme de l’Ermitage. La tradition orale dit que les habitants et les soldats américains procédaient à un troc essence contre eau-de-vie (20 litres d’essence contre 1 à 2 litres d’eau-de-vie).

 

Les constats réalisés après le départ de l’unité de combat permettent d’obtenir certains détails sur le camp et la piste . La protection du site était assurée par des postes de DCA installés dans des fosses dont certaines faisaient six mètres de diamètre pour une profondeur de soixante-dix centimètres. D’autres fosses de DCA sont de formes rectangulaires de cinq mètres sur trois mètres de large sur une profondeur de cinquante centimètres. Une ou plusieurs routes de 6 à 8 mètres de large ont été créées. Des cantonnements se situent dans la parcelle n° 371 de la section D (Grand Pré du Bois) ainsi que dans la parcelle n° 365 de la section D (Champ de la Chesnaie). Cependant la lecture du plan américain nous indique d’autres parcelles voisines. On parle aussi de tranchées individuelles (au moins neuf). Il existait aussi une prison entourée en grillage dans la parcelle n° 366 de la section D (Le Pré de la Chesnaie). 

 

Les vétérans du 406th Fighter Group ont décrit le camp de Louplande. Le campement se fait «entièrement sous la tente, les installations étaient particulièrement commodes, les mess bien aménagés, les douches convenables et les bureaux réduits au minimum nécessaire». Le contact avec la population est bon et est même qualifié de «bien meilleur que partout ailleurs». Les aviateurs gardent un bon souvenir de quelques dîners à La Flèche et de sorties à Paris ! De plus les conditions météorologiques sont bonnes ce qui rend acceptable le campement de toile. Il faut cependant signaler qu’il y eut des pertes lorsque le 406th FG se trouvait basé à Louplande : 4 hommes pour la 512ème, 1 homme pour la 513ème, 1 homme pour la 514ème.

 

L’article de M. H. Brier rapporte que les avions «sont des chasseurs monomoteurs P40 Curtis-Warhawk équipés de quatre mitrailleuses sur chaque aile et une bombe sous chaque, quelquefois une bombe sous le fuselage». Par la suite, «des bimoteurs de transport DC3, des Douglas dit Dakota» puis «les forteresses volantes B17 ou B29» et enfin «le Lockheed -P38– Lightning à double fuselage» ont fréquenté le A-36. Pour l’instant, les recherches restent très lacunaires sur cette fréquentation. 

 

La piste de Louplande sera réquisitionnée par les Américains jusqu’au 5 février 1946. Ensuite, elle dépend des forces aériennes françaises qui décident en mars 1946 de rendre les terrains aux propriétaires. 

Les aérodromes US en Sarthe : Louplande
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